16 mars 1990, je travaille sur le Gazoduc Ourengoï (Sibérie)/ Oujgorod (Ukraine), je suis informaticien et je travaille sur le projet GOFO, l'automatisation du gazoduc qui fournit l'Europe Occidentale. Plus précisément, je travaille sur la station de compression de gaz N° 19, à BERIOZOVKA.
Voici déjà quelques mois que Igor, l’interprète Ukrainien qui m'accompagne le long du Gazoduc, m'a fait découvrir TSOI.
Je suis subjugué par le personnage et tout ce qu'il dégage, j'écoute au walkman KINO toute la journée, je me fais traduire les chansons de TSOI, j'apprécie un peu plus chaque jour son rock créatif.
Les cassettes de KINO circulent sous le manteau, la Perestroïka est en marche, le mur vient de tomber voici quelques semaines... Quand il est tombé ce 16 novembre 89, j'étais à Tcheboksary à l’hôtel In Tourist (station 23 je crois) en Chouvachie, à 700 km à l'est de Moscou...
Je l'ai appris le jour même ayant réussit à obtenir la France au téléphone (ce qui était souvent difficile, les russe disent "remount", ça veut dire ligne indisponible). Je me suis empressé d'aller annoncer la nouvelle incroyable aux Allemands de l'Est qui travaillaient avec moi. Je me souviens qu'ils ne m'ont pas cru et qu'ils appréciaient moyennement ce qu'ils qualifiaient d'humour douteux ! Devant mon insistance, j'ai même cru qu'ils allaient se fâcher.
Ils apprendront officiellement la nouvelle 2 jours plus tard... Il devait être environ 1 heure du matin, je dormais... Mes collègues ont tapé, tapé sur la porte, j'ai dû me lever et ils m'ont entraîné dans leurs chambres pour faire la fête. Je me souviendrai à jamais de cette fête partagée, la vodka coulait à flot et on chantait du Kino à tue tête... Quel mal de crâne le lendemain !
J'avais conscience de vivre un moment exceptionnel, d'être le témoin d'une évolution irréversible du monde moderne... Je vivais tout ça de "l'autre coté du mur" et ces événements resteront à jamais gravés dans ma mémoire...
Je savais que TSOI avait joué un rôle prépondérant dans la chute du mur, tous les jeunes étaient derrière lui et connaissaient ses chansons. Mon intérêt, mon respect pour VIKTOR grandissaient un peu plus chaque jour. Je parlais de KINO à tous les soviétiques que je croisais et recherchais tous les enregistrements possibles (cassettes audio, Vinyles) .
Un matin de février, mon collègue et ami soviétique, le chef de station, m'annonce qu'il a une surprise pour moi... Je le rejoins dans son bureau et il me donne 5 places pour le concert de Kino à PERM le 16 mars. Un cadeau de GAZPROM pour les "Fransouski Specialist" comme ils nous appelaient.
Nous étions 4 français présents sur la station, seul Patrick me suivra et m'aidera à filmer le concert (voilà pourquoi il en manque une partie sur l'intro ;-) , une place pour le chauffeur du 4x4, 1 place pour mon ami et 1 pour sa femme.
Après 4 heures de route dans l'Oural et par -20°, voici le concert de KINO, vidéo tournée avec l'autorisation de Viktor...
VIKTOR TSOI : un homme libre, hors du commun qui a porté toute une génération de soviétiques dans leur quête de liberté...
"PRIVIET TIBIE PASLEIDNI GUERROÏ" : Salut à toi dernier des héros !
Peu de temps après mon retour en France, j'ai appris la disparition tragique de Viktor, cela m'a beaucoup affecté, je ne pouvais croire à cet accident stupide. J'atais bassiste dans un groupe de Rock,Pauvre Olga, j'ai écrit cette chanson "souhaite moi de la chance" dédiée à sa mémoire : • Souhaite moi de la cha... et peu de temps après France 3 a tourné un reportage sur cette expérience de vie: • Hommage à Viktor Tsoï .
Merci pour tout Viktor, tu a marqué ma vie et celle de millions de jeunes soviétiques. Je suis heureux aujourd'hui de te rendre hommage en mettant cette vidéo en ligne !
Arno
fr.wikipedia.org/wiki/Viktor_Tsoi
Tsoi est plus porteur de sens auprès des jeunes que tout politicien, célébrité ou écrivain. C'est parce que Tsoi n'a jamais menti et n'a jamais retourné sa veste. Il était et resta lui-même. Vous ne pouvez pas ne pas le croire…
Tsoi est le seul rockeur qui ne présente aucune différence entre son image et sa vie réelle, il vivait de la façon dont il chantait…
Tsoi est le dernier héros du rock...
L'impact de Kino sur la musique soviétique et plus globalement sur la société fut énorme. Ils introduisaient un son et des paroles qu'aucun Soviétique n'avait atteint auparavant. Son influence se mesure aujourd'hui dans bien des endroits de Russie, des graffitis sur les murs de Saint- Pétersbourg, jusqu'à un mur entier dédié à Viktor Tsoi sur la célèbre rue Arbat, à Moscou, où des fans se réunissent toujours en mémoire de leur héros.
Même s'il a disparu, Tsoi continue de vivre dans l'esprit de beaucoup de jeunes Russes.