Par Michel Cazenave et Jean-Claude Loiseau.
Émission diffusée sur France Culture le 08.01.1998.
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Intervenants :
- Geneviève Lacambre (conservateur du Musée Gustave Moreau).
- Pierre Descargues.
- José Pierre (critique et historien d'art).
- Daniel Grobnowski (maître de conférences en littérature française).
- Claude Mettra.
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Gustave Moreau est certainement l'un des peintres les plus étranges du XIXe siècle. Disciple de Delacroix et de Chassériau, élève très attentif des maîtres de la Renaissance italienne, professeur à la fin de sa vie de Rouault comme de Matisse, il échappe à toutes les classifications au bénéfice d'une oeuvre où éclatent toutes ses obsessions, ses rêves et ses délires, ses idéologies politiques et spirituelles.
Précurseur incontestable du symbolisme, ensuite récupéré par André Breton et le Surréalisme, il est évident qu'il a des affinités très fortes avec ces mouvements par le sens de ses compositions où est toujours indiquée une réalité transcendante, de même que par sa fascination pour une féminité des profondeurs où se mêlent l'or et la nuit, le sexe et le sang, la danse du corps, la sensualité la plus affichée et l'idéalisme le plus pur. C'est ainsi d'ailleurs que l'entendront et l'encenseront, des gens aussi divers que Huysmans, Hérédia, Jean Lorrain, Oscar Wilde ou Montesquiou. Mais il y a également le graphiste aussi minutieux qu'un graveur sur cuivre, et le prodigieux coloriste dont les ébauches annoncent les audaces fauvistes ou tachistes.
Au total, le mystère d'une œuvre qui se révèle réfractaire à toutes les grilles d'interprétations systématiques, et qui ne cesse de parler aux publics les plus modernes.