Ecoute'nouvelles

Ecoute'nouvelles

Ecoutez sur cette chaine KZread @Ecoute'nouvelles, consacrée à la littérature, une sélection de nouvelles de différents auteurs. Lecture audio des textes : Guillaume de Louvencourt

"L'inondation" d'Emile Zola

"L'inondation" d'Emile Zola

Пікірлер

  • @catherinegelin9060
    @catherinegelin906011 күн бұрын

    Un grand merci à vous!😊

  • @user-wn3gz4jg1b
    @user-wn3gz4jg1b8 ай бұрын

    😮😮😮😮

  • @Sloon76
    @Sloon769 ай бұрын

    J'ai pas le le livre pour le collège merci ça va beaucoup aidé

  • @ninagold8460
    @ninagold8460 Жыл бұрын

    cherchait en elle avec désespoir sa passion qui 125 s'en était allée de sa chair et de son cœur. Alors, ils essayèrent d'être banals et de causer comme des gens qui se seraient vus pour la première fois. Mais les paroles leur manquèrent. Tous deux ils pensaient 130 invinciblement au pauvre noyé, et, tandis qu'ils échangeaient des mots vides, ils se devinaient l'un l'autre. Leur causerie cessa ; dans le silence, il leur sembla qu'ils continuaient à s'entretenir de Michel. Ce terrible silence, plein de 135 phrases épouvantées et cruelles, devenait accablant, insoutenable. Suzanne, toute blanche dans sa toilette de nuit, se leva et, tournant la tête « - Vous l'avez vu à la Morgue ? demanda-t-elle 140 d'une voix étouffée. - Oui, répondit Jacques en frissonnant. - Paraissait-il avoir beaucoup souffert ? » Jacques ne put répondre. Il fit un geste, comme pour écarter une vision ignoble et odieuse, et il 145 s'avança vers Suzanne, les bras ouverts. « - Embrasse-moi, dit-il en tendant la joue où se montraient des marques blanches. - Oh ! non, jamais..., pas là ! » s'écria Suzanne qui recula en frémissant. 150 Ils s'assirent de nouveau devant le feu, effrayés et irrités. Leurs longs silences étaient coupés par des paroles amères, par des reproches et des plaintes. Telle fut leur nuit de noces. 155 Dès lors, un drame navrant se passa entre les deux misérables. Je ne puis en raconter tous les actes, et je me contente d'indiquer brièvement les principales péripéties. Le cadavre de Michel se mit entre Jacques 160 et Suzanne. Au lit, ils s'écartaient l'un de l'autre et semblaient lui faire place. Dans leurs baisers, leurs lèvres devenaient froides, comme si la mort se fût placée entre leurs bouches. Et c'étaient des terreurs continuelles, des effrois brusques qui les 165 séparaient, des hallucinations qui leur montraient leur victime partout et à chaque heure. Cet homme et cette femme ne pouvaient plus s'aimer. Ils étaient tout à leur épouvante. Ils ne vivaient ensemble que pour se protéger 170 contre le noyé. Parfois encore ils se serraient avec force l'un contre l'autre, s'unissaient avec désespoir, mais c'était afin d'échapper à leurs sinistres visions. Puis la haine vint. Ils s'irritèrent contre leur 175 crime, ils se désespérèrent d'avoir troublé leur vie à jamais. Alors ils s'accusèrent mutuellement. Jacques reprocha amèrement à Suzanne de l'avoir poussé au meurtre, et Suzanne lui cria qu'il mentait et qu'il était le seul coupable. La 180 colère accroissait leurs angoisses, et chaque jour, pour le moindre souvenir, la querelle recommençait, plus âpre et plus cruelle. Les Suzanne regretta Michel, le pleura tout haut, vanta au meurtrier les vertus de sa victime, et Jacques dut vivre en entendant toujours parler 190 de cet homme qu'il avait jeté à l'eau et dont le cadavre était si horrible sur une dalle de la Morgue. Il avait souvent des heures de délire, et il accablait sa complice d'injures, la battait, lui répétait avec des cris l'histoire du meurtre, et 195 lui prouvait que c'était elle qui avait tout fait, en lui donnant la folie de la passion. S'il n'avait eu peur de trop souffrir, il se serait coupé la joue, pour enlever les traces des dents de Michel. Suzanne pleurait en regardant ces 200 cicatrices, et le visage de Jacques était devenu pour elle un objet d'horreur dont la vue la secouait d'un éternel frisson. Enfin se joua le dernier acte de ce drame poignant. Après la haine, vinrent la crainte et 205 la lâcheté ; les deux assassins eurent peur l'un de l'autre. Ils comprirent qu'ils ne pouvaient vivre plus longtemps dans la fièvre du remords ; ils voyaient avec terreur leur abattement mutuel, 210 et ils tremblaient en pensant que l'un d'eux parlerait à coup sûr un jour ou l'autre. Alors ils se surveillèrent ; leurs souffrances étaient intolérables, mais ils ne voulaient pas la délivrance par le châtiment. Ils se suivirent 215 partout, ils s'étudièrent dans leurs moindres actes ; à chaque nouvelle querelle, ils se menaçaient de tout dire, puis ils se suppliaient à mains jointes de garder le silence, et ils restaient soupçonneux et farouches. Vie terrible, qui les 220 traînait dans toutes les angoisses du remords et de l'effroi. Ils en vinrent chacun à l'idée de se débarrasser d'un complice redoutable. Suzanne espérait vivre plus calme, lorsqu'elle ne verrait 225 plus la joue couturée de Jacques, et Jacques pensait pouvoir tuer son premier crime en tuant Suzanne. Un jour, ils se surprirent, versant mutuellement du poison dans leurs verres. Ils 230 éclatèrent en sanglots, leur fièvre tomba, et ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Ils pleurèrent longtemps, demandant pardon, comprenant leur infamie, se disant que l'heure était venue de mourir. Ce fut là une dernière crise qui les 235 soulagea. Ils burent chacun le poison qu'ils avaient versé, et expirèrent à la même heure, liés dans la mort comme ils avaient été liés dans le crime. On trouva sur une table leur confession, et c'est 240 après avoir lu ce testament sinistre, que j'ai pu écrire l'histoire de ce mariage d'amour. nouvelle publiée dans Le Figaro (24 décembre 1866) deux assassins tournaient ainsi comme des bêtes _______ fauves, dans la vie de souffrance qu'ils s'étaient 185 faite, se déchirant eux-mêmes, haleta

  • @1708GOYO
    @1708GOYO Жыл бұрын

    excellent ! merci beaucoup Monsieur pour votre présent . j'ai adoré

  • @ecoutenouvelles9782
    @ecoutenouvelles9782 Жыл бұрын

    Avec plaisir

  • @georgeselland3418
    @georgeselland3418 Жыл бұрын

    Merci ! Quelle belle langue ! Jolie découverte. Magnifique fresque miroir. Si émouvante description d'une humanité qui nous ressemble tant.

  • @ecoutenouvelles9782
    @ecoutenouvelles9782 Жыл бұрын

    Merci à vous