Les rivières attirent toujours une grande variété d'animaux...
Sans parler de ce qui se passe sous la surface, les bords accueillent bon nombre d'oiseaux qui trouvent dans le secteur des endroits tranquilles pour construire leur nid, ou bien pour se remplir l'estomac facilement puisqu'il suffit semble-t-il pour cela de se baisser.
Si, parmi ces personnages avisés, certains sont d'une grande discrétion, d'autres au contraire ne manquent pas d'attirer l'attention.
Les guépiers font partie de ces brillants spécimens ainsi qu'un autre roi de la frime colorée : le martin pêcheur.
Pour déjouer sa méfiance, il n'existe qu'une seule solution : l'attendre à proximité d'un de ses perchoirs favoris, disséminés tout au long de la rivière.
C'est un grand amateur de berges terreuses dans lesquelles il creuse, au début du printemps, un trou puis une sorte de tunnel au fond duquel est installé le nid.
Les jeunes naissent donc dans cette sombre caverne où ils séjournent plus de trois semaines.
Durant tout ce temps, le ravitaillement est à menu unique :
petits poissons extra-frais pêchés sans relâche par les parents tout au long de la journée et remis directement au consommateur.
Au fil des jours et des poissons consommés, les petits martin-pêcheurs rejettent leurs excréments et les restes de repas, dans le tunnel, le transformant peu à peu en un véritable dépôt d'ordures.
Ceci explique peut-être le bain rituel que prennent les parents juste à la sortie du nid, avant de repartir pêcher plus loin.
Mais revenons aux guépiers. Car ils sont là, quelques mètres plus loin, eux aussi installés dans la même petite falaise sablonneuse.
Ils sont en retard par rapport au martin-pêcheur et commencent seulement à creuser leur terrier.
Il faut dire pour eux que ce sont des oiseaux migrateurs, et qu'ils sont arrivés ici il y a peu de temps, venant d'Afrique pour la plupart.
Le forage de leur cavité n'est pas une mince affaire et le mâle et la femelle y travaillent tous les deux avec ardeur. Le bec sert de pioche pour attaquer la terre et les pattes de pelles en la projetant en arrière. Au fil des jours, le tunnel s'allonge et atteint pour les couples en forme plus de deux mètres de long.
Le guépier est un chasseur au vol remarquable qui mène ses raids aériens à partir de quelques postes de guet haut perchés.
Grand amateur d'insectes, il dévore les plus petits au vol, mais préfère déguster les gros morceaux à son aise sur son perchoir.
Il faut dire que certaines proies ne se laissent pas faire facilement, et résistent vaillament avant de disparaître, non sans mal au fond de l'estomac du gracieux mais affamé prédateur.
Toutes sortes d'insectes passent ainsi de vie à trépas, même ceux qui piquent, guêpes, abeilles, bourdons, mais aussi libellules, papillons, ou mouches.
Mais revenons au nid avec le guépier, depuis trois semaines mâle et femelle se sont relayés pour couver les œufs au fond de la galerie.
Au pied des entrées des nids, les coquilles vides témoignent de la naissance toute récente des petits. Ils sont probablement cinq ou six bien au chaud dans leur trou noir, mais criant déjà famine.
Mauvaise période pour les insectes, à vrai dire, car pour nourrir leur petite famille, les guépiers redoublent alors leurs expéditions de chasse.
Mais cette fois, le bourdon ou la libellule imprudents, au lieu d'être avalés tout droit sur le premier perchoir venu, fera un voyage un peu plus long en direction du nid, pour finir dans le gosier grand ouvert d'un petit guépier.
D'abord invisible, les jeunes en grandissant s'aventurent peu à peu au grand jour, à l'entrée du terrier, où les parents continuent leur nourrissage intensif.
Enfin, les plus âgés, au plumage presque identique à celui des adultes, se bousculent bientôt à la sortie et poussés par l'instinct, gagnent enfin l'air libre.