Frédéric Saint-Clair, politologue, analyste en stratégie et en communication politique. L’extrême-droite expliquée à Marie-Chantal (La nouvelle librairie)
Il existe un hiatus intellectuel et politique qui paralyse la France, tétanise ses scrutins, les rend insincères, c’est l’utilisation systématique de l’étiquette “extrême-droite”, laquelle exclut celui qui en hérite du champ de toute légitimité, et le prive mécaniquement de l’accès au pouvoir. Le problème, c’est que cette étiquette est accolée au premier parti de France en voix et en députés. Avec 10,1 millions de voix collectées dans 451 circonscriptions pour 125 députés élus, le RN a gagné cette élection face au Nouveau Front populaire qui a totalisé 7,4 millions de voix dans 288 circonscriptions pour 178 députés élus, et devant Ensemble et ses 6,3 millions de suffrages récoltés dans 238 circonscriptions pour 150 sièges. C’est le mode de scrutin à deux tours, et les désistements organisés pour faire barrage au RN, qui fausse le principe même du vote car le citoyen ne se prononce pas pour ou contre un programme mais se mobilise pour exclure un parti jugé non démocratique. Si tel est le cas, il faut dissoudre le RN. Si tel n’est pas le cas, il faut le traiter comme n’importe quelle autre formation. Le vote “castor” nuit à la démocratie, dit en substance Frédéric Saint-Clair qui souligne par ailleurs l’absence de travail intellectuel des cadres du RN pour parler au media, se faire comprendre des journalistes, qui sont les vrais arbitres des élégances ou des outrances intellectuelles.