HOUN DOG, le premier roman graphique de Nicolas Pegon

Il y a César et Alexandre, deux paumés de première classe, l’un
obsédé par son corps qui se détraque, l’autre hanté par les
apparitions du spectre d’Elvis. Il y a ce chien sans nom, pénible,
assez immonde, qui leur colle au train. D’où sort-il ? Que veut-il ?
Ce n’est pas clair. Pour tenter de s’en débarrasser, les deux losers
se lancent à la recherche de son propriétaire. Dans une Amérique
crépusculaire, périurbaine et préapocalyptique, entre Twin Peaks et
Bukowski, leur quête les mène à une impasse : le maître du chien se
serait pendu en mettant le feu à sa maison. Meurtre, suicide ou
accident ? Les clebs aboient et la caravane cale. Mais les tragédies,
comme les emmerdes, volent en escadrille. Il va encore y avoir mort
d’homme. Les armes parlent et le dieu Elvis continue à chanter :
« T’es rien qu’un chien de chasse/ Toujours à chialer/ T’as jamais
chopé de lapin/ Et t’es pas mon copain » (Hound Dog, 1956).
Pour son entrée dans le grand bain de la BD, Nicolas Pegon - qui a
publié en 2019 Les Os creux, la tête pleine à l’enseigne Réalistes,
créée par Ugo Bienvenu - réussit un récit comme peu d’auteurs
français sont capables d’en produire, précis, personnel, inattendu et
jamais démonstratif. Ses teintes de fin du monde et son humour
impavide contribuent à donner à cette tragicomédie le poids et
l’épaisseur d’un blues lent et irrésistible comme un glissement de
terrain. Rien de surprenant à cela, quand on sait que cette musique
est au coeur de ses préoccupations comme en atteste One After the
Other, docu-fiction en animation sur le bluesman américain Grant
Sabin qu’il a écrit et réalisé chez Miyu Productions.
Nicolas Pegon s’est formé au graphisme à Estienne, puis au cinéma
d’animation aux Gobelins. Il est réalisateur de courts-métrages, de
clips et de publicités au sein du collectif CRCR. La bande dessinée
est son jardin de moins en moins secret.

Пікірлер