A l'occasion de la sortie de sa biographie sur Marie-Antoinette, Charles-Eloi Vial nous explique qu'écrire une biographie de la dernière reine de France, c’est un peu comme parler de Napoléon : les mêmes questionnements assaillent l’historien, les sources posent les mêmes questions et appellent à des critiques comparables. Mieux encore, les acteurs sont souvent les mêmes, les lieux également, et tout le monde, à commencer par l’Empereur en personne, a un avis à donner sur l’Autrichienne. Effectivement, les deux personnages se sont peut-être croisés, ou du moins le jeune Bonaparte a sans doute aperçu la souveraine, mais au-delà de ce détail, ils ont bien plus en commun que l’on pourrait le croire : après l’enfermement et le martyr, dans les deux cas on retrouve un mythe qui déchaîne les passions, et dont l’élaboration parallèle à partir de la Restauration en dit long sur le XIXe siècle et sur son rapport au passé, Mémorial de Sainte-Hélène d’un côté et Mémoires de Mme Campan de l’autre. Étudier Marie-Antoinette, c’est aussi mieux comprendre la légende napoléonienne, l’histoire ne reculant décidément devant aucun paradoxe.
© Fondation Napoléon 2024
Charles-Éloi Vial, archiviste paléographe, docteur habilité en histoire, est conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Auteur de plusieurs ouvrages sur le Premier Empire, dont Napoléon et les bibliothèques : livres et pouvoir sous le Premier Empire (CNRS, 2021) et Sauver l’Empire : 1813, la fin de l’Europe napoléonienne (Perrin, 2023).
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