Décryptage des hautes sphères du pouvoir militaire birman pour en voir les enjeux, les défis, et les pièges dans lesquels s'est perdue Aung San Suu Kyi. L'icône de la lutte pour la démocratie et Prix Nobel de la paix, est aujourd'hui dénoncée par l'ONU pour sa passivité face à des opérations de nettoyage ethnique menées par l'armée birmane contre la minorité musulmane rohingya.
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A travers des acteurs clés de l'histoire politique mouvementée du Myanmar, ce documentaire tente de savoir dans quelle mesure Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, a été dupée par l'armée birmane et ses promesses de transition démocratique ? Et ainsi comprendre son silence sur le génocide des Rohingyas. Le documentaire est ainsi un éclairage sur la chute d'une icône.
Mais pour comprendre cette chute un retour dans le passé est requis. En 2010, après le soulèvement de la "révolution safran", le Myanmar entame un processus hésitant de réformes politiques et économiques ; les tribunaux sont modifiés, les libertés élargies. Aung San Suu Ky est libérée, elle participe au gouvernement en 2012 et la Ligue nationale pour la démocratie (LND) arrive au pouvoir en 2015. La démocratie au Myanmar reste une parenthèse, après cinq décennies de dictature militaire, le système dans son ensemble ne pouvait pas changer. L'armée a toujours été une composante de l'histoire contemporaine du Myanmar.
Pour gagner l'élection, Aung San Suu Kyi a décidé de faire confiance à l'armée birmane, qu'elle a pourtant combattue pendant des décennies, lorsqu'elle a entamé la transition démocratique du pays. De fait l'icône de la paix est ternie par les difficultés et les écueils de la transition démocratique que le régime entend maîtriser alors que des violences interreligieuses et ethniques secouent le pays. En effet, le pouvoir civil reste limité par rapport à celui des militaires, quel que soit le verdict des urnes. Aung San Suu Kyi, qui espérait durant son mandat faire aboutir les processus de paix initiés avec les nombreuses rébellions ethniques qui sévissent dans les régions périphériques du pays, n'y est pas parvenue, l'armée s'étant appliquée à freiner les discussions. Aung San Suu Kyi avait un pouvoir limité, l'armée contrôle la démocratie par le biais de la constitution du pays, qui permet aux militaires de conserver des postes ministériels régaliens et un pourcentage de sièges au parlement qui leur permet d'opposer leur veto à toute modification de la constitution. Son gouvernement a laissé la violence se propager dans tout le pays et a fermé les yeux sur le génocide des Rohingyas, une minorité musulmane de Myanmar. Des milliers de personnes ont été tuées et plus de 740 000 Rohingya ont été forcés de fuir vers le Bangladesh voisin.
Titre original : Birmanie, les coulisses d'une dictature
Un film de Karen Stokkendal Poulsen
© 2019, Licensed by First Hand Films
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